Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 15:56
Accouchement du Lot:
pas de dysfonctionnement dit l'ARS, la controverse perdure

 

TOULOUSE — Le rapport d'enquête de l'Agence régionale de santé (ARS) conclut que la mort dramatique d'un nouveau-né dans le Lot, sur la route de la maternité, n'est dû ni à un dysfonctionnement du corps médical, ni à la désertification médicale, comme le dénoncent de nombreux Lotois.

Chantal Dellac, déléguée CGT du centre hospitalier de Figeac (Lot), s'interroge sur la validité d'une enquête sur l'existence éventuelle d'un désert médical quand elle est réalisée par l'ARS, l'autorité publique chargée de veiller à l'organisation des soins.

"On ne peut pas être juge et partie. Il faut une enquête indépendante, extérieure à l'ARS. En plus, insiste-t-elle, c'est une enquête sur un cas particulier et il faut qu'elle soit élargie au désert sanitaire dans la région de Figeac", dont la maternité a fermé en 2008, étant passée sous le cap des 300 accouchements par an.

Anne-Sophie Delestre, 35 ans, demeurant à Lacapelle-Marival, un village du nord-est du Lot à 20 km de Figeac, a perdu le 19 octobre son enfant alors qu'elle se rendait à la maternité de Brive, dans le département voisin de Corrèze.

L'ARS de Midi-Pyrénées a publié lundi soir un communiqué indiquant que le rapport "ne (faisait) pas apparaître de problèmes en terme d?organisation de la prise en charge des parturientes ni de problèmes lié à la désertification médicale".

Le rapport ne sera pas rendu public au nom du secret médical. Il a été communiqué à l'Ordre des médecins et au parquet. Aucune erreur n'a été pointée par les enquêteurs, qui ont également entendu le gynécologue libéral qui avait fait le suivi de grossesse.

"Résultat commode"

A aucun moment, observe l'ARS, le couple de Lacapelle-Marival n'a sollicité les services de l'hôpital de Figeac, jusqu'à l'appel de détresse passé au Samu, qui ne pourra que constater la mort de la fillette, née dans la voiture du couple.

La ministre de la Santé Marisol Touraine avait demandé la semaine dernière que l'affaire du Lot ne soit pas utilisée pour "instrumentaliser" un débat sur le manque d'infrastructures en milieu rural.

En début de semaine dernière, le président de la République avait demandé une enquête administrative pour élucider ce drame qui a ému la population de Figeac, bourgade de 12.000 habitants, où la mobilisation contre la fermeture de la maternité avait été forte.

Dans un entretien au Nouvel observateur la semaine dernière, Mme Delestre a évoqué un concours tragique de circonstances. "Je n?accuse personne. (...) Personne ne pouvait savoir que le bébé arriverait aussi vite", a-t-elle confié.

"Incontestablement, c'est une enquête interne qui permet de ne pas interrompre une stratégie de fermeture de maternités. Le résultat est commode quand on veut continuer de fermer des maternités", a réagi le secrétaire général du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France (SYNGOF), Jean Marty.

M. Marty regrette la concentration des moyens financiers dans les CHU, qui attire les jeunes praticiens. "Le mécanisme de désertification ne sera jamais enrayée si on continue dans cette voie, affirme-t-il. Fermer les maternités sûres pour en venir à faire des accouchements à domicile, le monde politique est tombé sur la tête".

En tout cas selon lui, quelles que soient les conclusions de l'enquête sur le cas lotois, le danger d'une offre de soins insuffisante reste posé.

Ce drame a profondément ému les habitants de la région de Figeac, où les femmes enceintes sont dirigées vers les maternités de Cahors, de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue ou Decazeville) ou de Brive, avec un trajet allant de 40 minutes à plus d'une heure.

Partager cet article
Repost0

commentaires