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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 10:49

22 octobre 2012

Bébé mort sur une autoroute: le drame du Lot reste inexpliqué

 

FIGEAC (France) (AFP) - Un bébé ne serait peut-être pas mort sur une autoroute vendredi si la maternité avait été plus proche, mais les professionnels de santé du Lot mettaient en garde lundi contre l'inclination à tout mettre sur le compte d'une désertification médicale revenue au coeur du débat.

La petite fille décédée au cours d'un accouchement dramatique sur la route de la maternité de Brive aurait-elle survécu si la maternité de Figeac n'avait été fermée en 2009? Le gynécologue ou les parents ont-ils pris une mauvaise décision à un moment donné? Pourquoi Brive, et pas Decazeville ou Villefranche-de-Rouergue? Pourquoi n'ont-ils pas été transportés en ambulance? La précocité de l'enfant le condamnait-elle de toute façon? La liste des questions est longue.

L'enquête administrative voulue par le président François Hollande lui-même apportera peut-être des réponses. Les parents du bébé (elle a 35 ans, lui dirige une entreprise), habitant le village de Lacapelle-Miraval, à 20 km de Figeac, ainsi que le gynécologue qui a examiné la maman ont été entendus par l'Agence régionale de santé (ARS) de Midi-Pyrénées.

L'ARS a refusé toute communication tant que son rapport n'est pas terminé. Le cabinet du gynécologue libéral, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité s'exprimer.

Le fait que le couple ait pris dans son véhicule la direction d'une maternité située à une heure de chez lui après avoir consulté un praticien interpelle les professionnels.

Eric Fradet, directeur du Centre hospitalier de Figeac, bourgade de 10.000 habitants, refuse de s'exprimer sur l'affaire elle-même. Il souligne que la maman, comme tout autre patient, aurait été prise en charge par son établissement si elle s'était présentée. Si le patient "nécessite des soins qu'on ne peut pas apporter, il est aussitôt transféré par hélicoptère ou véhicule médicalisé vers l'établissement le plus adapté", en l'occurrence Cahors ou Toulouse. "Depuis 2009, nous avons déjà eu des accouchements ici et nous en aurons encore", ajoute-t-il.

Depuis 2009, la majorité des femmes enceintes de la région de Figeac, dans le Lot, se rendent en Aveyron voisin pour accoucher, à Villefranche-de-Rouergue, maternité de rattachement, ou à Decazeville. Mais aussi à Brive (Corrèze) ou dans la seule maternité du Lot, à Cahors.

"On peut dire tout ce qu'on veut: qu'ils n'auraient pas dû aller à Brive, qu'ils auraient dû faire appel à une ambulance ou s'adresser à l'hôpital. En tout cas, s'il y avait eu une maternité à Figeac, cette femme aurait été mieux prise en charge, puis aurait été transférée dans les meilleures conditions à Cahors, ou Toulouse", estime un médecin de Figeac, qui préfère rester anonyme.

Trois maternités fermées en moins de 10 ans

Le Centre prénatal de proximité (CPP) de Figeac, qui assure le suivi tout au long de la grossesse à l'exclusion de l'accouchement, a vu le jour à la disparition de la maternité. "Bien sûr, on aurait préféré garder la maternité, mais on ne peut pas avoir une maternité dans chaque village", estime le gynécologue du CPP, Latchezar Yotov.

Ce médecin bulgare, ancien de la maternité, est abattu par le drame. Il assure que son confrère qui suivait la jeune femme est d'une grande compétence et que les Français devraient valoriser davantage leur système de santé, un des meilleurs d'Europe selon lui.

Chantal Dellac, déléguée CGT à l'hôpital de Figeac, réclame elle la réouverture de la maternité. "C'est un évènement qu'on redoutait. Dans notre circonscription, nous avons chaque année une centaine de femmes enceintes" qui sont éloignées "de 45 minutes à 1 heure 15 (avec des conditions optimales de circulation) de la première maternité", précise-t-elle.

Dans le nord du Lot, trois maternités (Saint-Céré, Gourdon et Figeac) ont fermé en moins de dix ans, souligne-t-elle.

Le drame était-il évitable? "On n'a pas de risque zéro, mais, en fermant une maternité, on augmente le risque", conclut-elle.

L'Association figeacoise pour le droit aux soins, la défense et le développement de l'hôpital public -rassemblant usagers, personnel hospitalier et élus- a appelé à manifester mardi à 17H30 dans la cour de l'hôpital de Figeac. "Nous ne pouvons accepter que, sur nos territoires, la logique comptable continue à mettre des vies en danger", dénonce-t-elle.

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